L’incomplétude ontologique – pourquoi ne suis je pas pleinement heureux ?
Nous sommes des êtres incomplets... Et c’est sans doute ce qui nous donne ce sentiment diffus qu’il nous manque quelque chose. Dans notre métier, nous pouvons constamment observer comment chacun d’entre nous se débat pour compenser ce manque, et essayer de se convaincre ou de convaincre autrui qu’on n’est pas si mal que ça. Alors on compense avec plus d’argent, plus de contrôle, plus de stupéfiant, plus d’image, mais aussi plus de croyances, plus de thérapie, plus de sport, plus de méditation… Mais d’une façon ou d’une autre, notre ego veut montrer que c’est toujours lui le boss…
L’ego aime le sentiment de contrôle, d’avoir le pouvoir sur les gens et les choses, donner une image de supériorité (ou au moins qui fasse bonne impression), d’être rassuré, avoir des certitudes… l’ego n’existe que par comparaison, par opposition, par compensation d’une peur viscérale qui souvent ne se reconnait pas. L’ego se nourrit de la confusion entre « faire » et « agir », entre « avoir » et « être », et c’est de cette façon qu’il détourne les meilleures des intentions. Alors que l’agir est avant tout une question d’attitude juste et de trouver l’harmonie entre le soi et l’environnement, le faire ne voit plus que le résultat de l’action ; l’acteur s’est complètement identifié à l’action, par ignorance de sa vraie nature, et développe inévitablement l’attachement, l’aversion et la peur : c’est ainsi que la souffrance prend racine dans l’âme.
Cependant, si vous avez souffert toute votre vie, cela fait partie de vos repères. Et vous êtes convaincu que ceux qui vivent dans la sérénité et l’harmonie intérieure sont probablement pris dans un délire, si ce ne sont tout simplement pas des fumistes. Il faut que cette souffrance lancinante ait cessé pour que vous soyez en mesure de reconnaître votre malheureuse condition, ou bien que la souffrance s’accentue de telle façon que vous ne pouvez que reconnaître votre erreur.
L’erreur, c’est simplement de croire que l’ego est le boss, et que vous êtes principalement votre ego. C’est cela qui est à la racine de la souffrance. Car dès que vous vous êtes identifié à votre ego, vous avez tout d’un coup beaucoup plus de choses à contrôler, à défendre, prouver, craindre, juger. La colère s’installe et votre ambiance intérieure devient essentiellement agressive, ou bien c’est l’anxiété qui prédomine et l’agitation envahit votre intériorité, chasse votre sommeil et vous pousse à des comportements compulsifs, voire addictifs.
Bien sûr, n’importe quel événement peut vous faire oublier momentanément votre condition : une promotion professionnelle, la signature d’un contrat commercial ou une vente, une aventure amoureuse, quelques jours de vacances, une sortie bien arrosée, un petit coup de fumette, de cigarette ou de tout autre stupéfiant… Mais tant que l’erreur est présente, aucune forme d’anesthésie ne dure, au contraire, même en augmentant la dose, on n’obtient plus le même effet apaisant. Les choses continuent à s’écrouler en nous et dans notre environnement, en tous les cas, elles ne sont pas fluides, loin de là…
Lorsque par le passé j’ai travaillé sur ce problème que je résume par « incomplétude ontologique », j’ai vite compris que tout cela ne vise qu’une chose : nous pousser inévitablement à laisser émerger notre être véritable. Mais, pour la plupart d’entre nous, viser directement ce but ultime est difficile, et il nous est nécessaire d’emprunter des paliers. Toutes les techniques que nous utilisons chez Askesyam font partie de ces paliers, dont les 5 attitudes et les 5 étapes de la transformation.
Les techniques de respiration sont également de puissants outils, mais peuvent être mal utilisés. En effet, si notre intention n’est pas claire ni nos attitudes alignées, on peut tout à fait utiliser les techniques de respiration comme une nouvelle forme de stupéfiant, comme le sport à haute dose, ou certaines plantes psychotropes. Il en est de même concernant toutes les méthodes de méditation et d’expansion de conscience utilisant des technologies « mécaniques » comme les binaural beats.
L’Ennéaskesis (L’Ennéagramme selon Askesyam) utilisé correctement permet facilement d’appréhender la nature de notre incomplétude. Il suffit de balayer chaque triade et chaque instinct en utilisant la configuration triadique (dominant, neutre et aveugle) pour bien le comprendre. Les manifestations de notre incomplétude se retrouvent dans l’obsession de la composante dominante de notre triade et dans le manque profond incarné par la composante aveugle de notre triade. Mais l’Ennéagramme est aussi trop souvent incorrectement utilisé. La grande majorité des participants se laissent beaucoup trop fasciner par le profilage psychologique passionnant que livre la méthode, mais ne réalisent pas que l’essence de l’Ennéagramme est l’askésis, le travail de transformation du moi par le soi. Et cela ne peut être fait que par un travail énergétique.
Ces différents outils doivent donc être au service d’une vraie connaissance et d’une intention claire associée à l’aspiration de corriger l’erreur fondamentale qui cause une vision erronée de la réalité, même si cette vision semble si convaincante dans la mesure où la grande majorité la partage.
Il existe quelques critères simples et incontestables qui montrent que nous progressons vraiment dans la correction de l’erreur fondamentale. Toute personne sérieuse dans sa démarche en vue d’être authentiquement heureuse et épanouie est en mesure de l’évaluer en elle et chez un tiers.
- La tendance à se juger, se comparer et vouloir contrôler autrui est fortement émoussée ;
- Notre ambiance intérieure est essentiellement apaisée et sereine ;
- Il se développe un « souci de soi » équivalent au « souci d’autrui » : il s’agit d’être disposé à vraiment laisser émerger le meilleur de soi-même comme le meilleur d’autrui et non de vouloir qu’autrui se conforme à ce que nous souhaitons ou en fonction de nos intérêts ;
- Une réelle fermeté vis-à-vis de tout ce qui perpétue l’erreur fondamentale ;
- La tendance croissante à exprimer son être à travers ses actions plutôt qu’à confondre (le fruit de) son action avec sa personne.
Cette liste n’est pas exhaustive, mais elle constitue déjà une très bonne indication. Vous noterez qu’il n’y a là aucun critère en termes de statut social, professionnel ou financier. Il existe des personnes pleinement épanouies dans toutes les couches de la Société. Et de façon générale une personne ancrée dans son Être ne manque jamais de ce qui est important. Par contre, un individu obnubilé par l’avoir manque souvent de l’essentiel.